Décembre

Mardi 7 décembre
Interrogations à trente ans et deux mois. Quel bilan tirer de cette bonne partie d’existence qui a filé si vite. Un décalage avec le monde qui tend à s’accentuer... et mon isolement lyonnais (que je savoure dans une cyclothymie indécrottable) n’arrange rien. Aucun plan de carrière en vue et pour cause : pas l’ombre d’une carrière envisagée. Cette indépendance sur un fil de rasoir bien modeste constitue peut-être ma seule perspective.
Méfiance tout de même : je n’ai jamais pu prévoir la teneur de ma destinée à quelques années d’intervalle, et ma situation actuelle confirme encore l’accent imprévu des tournants existentiels.
Une terrible envie de me plonger dans le Journal de Michel Polac. J’attends la parution du premier volume aux PUF avec une impatience gourmande, quitte à délaisser un peu plus celui de Léautaud... pour un temps seulement.
Le chambard fin de millénaire s’annonce insupportable. Peut-être ferais-je bien de vivre ma quarantaine, enfermé pour la Saint-Silvestre.
Rien de passionnant à retirer des grouillements de l’actualité.

Samedi 18 décembre
Avant d’aller passer une douce soirée lyonnaise avec Flo, quelques notes sur l’actualité.
« Vladimir le terrible », comme l’a baptisé un hebdomadaire français, confirme, pour ceux qui auraient été tentés de croire à la bonne vertu internationale, le manque de couillage des nations. Son écrasement de la Tchétchénie (prononçable plus facilement pour un bègue enrhumé, sans doute) ne donne lieu qu’à de timides courroux, bien loin de la démonstration de force étalée sur la Serbie.
Eltsine, piteux mais dangereux, comique mais politique, n’est-il qu’un fantoche imbibé ou le délirant nettoyeur de la région islamique ? La population semble en tout cas soudée derrière le Valdimir and Cie ; on se souvient d’autres soutiens populaires pour d’aussi terribles personnages.
Je pars le 24 décembre au matin direction Deauville, via Paris, avec Sally et Karl. Le soir, Heïm et Vanessa nous rejoindront pour un réveillon que j’espère doux et chaleureux. Pour la bonne chère, j’apporterai un chapon, des quenelles de brochet et de la sauce Nantua, le tout retiré à la réputée Halle de Lyon.
Un cargo a déversé une bonne partie de son chargement visqueux (fuel ?) après s’être fendu en deux. Le littoral français frémit à juste titre d’une marée noire majeure. Encore une fois, le gain à tout prix a largement favorisé ce drame : les responsables bien grassement rétribués méritent un long séjour dans la fange malodorante, milieu adéquat pour ces merdes financées.
Courant janvier, nous devrions nous retrouver à Etretat avec Hermione et Angel, Karl et son amie (Isabelle), et... Shue, ma meilleure amie, qui me ferait l’extrême plaisir de m’accompagner, moi le célibataire lyonnais.
Plus de nouvelles de Florence P. Elle reçoit en ce moment son ami venu d’Afrique du Sud pour deux mois. Sans doute un séjour qui enterrera définitivement cette relation. Pas plus de nouvelles d’Isa M., professeur de lettres à l’université de Lyon, rencontrée il y a une quinzaine... Son déménagement, suite à une rupture, doit monopoliser toute son attention. A moins que... En amie et/ou amante, elle serait parfaite.
Je reste relativement sage : depuis ma reprise de liberté, je n’ai entretenu de charnelles relations qu’avec une petite dizaines de lyonnaises.

Vendredi 31 décembre, env. 2h du matin
Le voilà ce satané jour comme les autres, alors goûtons le dès son début.
Nous voulions de l’exceptionnel pour ce passage d’un millénaire l’autre : nous voilà amplement gâtés ! Deux tempêtes, comme on en voit habituellement que dans les pays pauvres, ont ravagé successivement le nord et le sud de la France.
Pour celle du nord, j’étais un témoin direct, passant mon Noël à Villers-sur-Mer, non loin de Deauville. Heïm a dû partir le samedi midi avec Vanessa, suite à une augmentation aux consonances mortelles du taux de sucre dans le sang (la veille au soir fut bien arrosée...).
Sally, Karl et moi avons donc pu apprécier la puissance d’Eole, bien que la maison louée ne soit pas directement sur le fronton de mer. Une infinie modestie, une humilité extrême me noue face aux déchaînements du vent et à l’ampleur des destructions pour le pays...

Aucun commentaire: